Au large de Marseille, un chalutier repêche le corps inanimé d’un homme (Matt Damon), le dos transpercé de deux balles. A son réveil, le rescapé ne se souvient plus de son nom, ni de son passé, ni des circonstances qui l’ont amené là. Le seul indice qu’il possède est un numéro d’un compte bancaire à Zurich, inscrit sur une capsule holographique insérée dans sa hancheà Curieusement, c’est à un jeune metteur en scène issu du cinéma indépendant et spécialiste de la comédie adolescente (Swingers, Go) que l’on doit cette adaptation du plus célèbre roman d’espionnage de Robert Ludlum (également auteur de Osterman Weekend), véritable puzzle international, complexe et intrigant. Grand admirateur du livre, Doug Liman a en effet œuvré dans l’ombre durant cinq ans pour concrétiser son rêve. Pour la première fois aux rennes d’une superproduction, le jeune cinéaste s’est fort habilement acquitté de sa tâche en combinant intelligemment les ingrédients spécifiques du genre (suspense, action, effets high-tech spectaculaires) et les aspects humains de l’histoire (un peu à la manière de Brian De Palma dans Mission : Impossible). La distribution est d’ailleurs l’un des points forts de ce film projeté en 2002. Avec son allure de boy-scout attachant, Matt Damon incarne parfaitement ce jeune homme perdu, candide et traqué, qui découvre peu à peu et avec horreur qu’il est une véritable machine à tuer. Le choix de sa compagne de cavale se révèle également judicieux. Comédienne plutôt nature, l’Allemande Franka Potente (héroïne en 1998 de Cours, Lola, cours!) se démarque en effet joliment des archétypes et offre au film un vrai caractère.
