April a déjà mal survécu au divorce de ses parents û elle est restée dans la ville de son enfance, son frère a dû partir en France avec leur mère. Mais voilà qu'au beau milieu de l'année scolaire, elle est menacée de suivre la famille de sa belle-mère, à des centaines de kilomètres du lycée, des copines, et surtout de son petit ami. En mentant honteusement, April négocie de rester chez son amie Vi et sa mère. Évidemment, cette dernière, comédienne, est partie en tournée, et les deux filles vont vivre quelques mois seules. Bien que bonne élève, relativement sage, April va vouloir jouer à l'adulte et s'amuser autant que possible.
On ne peut nier le côté complètement adolescent d'une bonne partie du roman ; il est même revendiqué par l'auteure, décidée à camper un personnage immature, pas désagréable pour autant. April est une petite fille qui ne sait pas remplir le lave-vaisselle, pour qui l'achat d'un jacuzzy vaut de s'endetter, et aussi une fleur bleue qui veut perdre sa virginité sur un lit de pétales de roses. On sera peut-être gênés par le côté aisé de la famille de la jeune fille, capable de lui assurer en un claquement de doigts le nécessaire pour vivre seule, alors que l'on sait bien le coût important du système éducatif américain. Mais April n'est pas du monde laborieux, et ne s'y frottera même pas dans le roman.
Une fois ce décor privilégié mis en place, Sarah Mlynowski va pouvoir faire évoluer son héroïne et narratrice. Ça devient nettement plus intéressant. Avec Vi, elle habituée aux absences de sa mère, April apprend à gérer le quotidien û factures, courses, etc. Avec son petit ami, elle encaisse un coup dur et perd une bonne partie de ses illusions. Avec le garçon qu'elle n'avait jamais remarqué, elle découvre la générosité et l'attente sereine... L'histoire, certes cousue de fil blanc, se lit aisément, découpée originalement en dix points (ceux du titre) puis en paragraphes aux titres évocateurs, un peu journalistiques. La jeunesse dorée montre ses fêlures, en devient touchante... On a tous un peu en nous de cet April qui se cogne afin de grandir.
